Aujourd’hui pour mon ultime montée de la saison 2025 sur le pré sommital du Mont-Aiguille, je suis accompagné par Gilles et Samuel.
C’est pour eux la découverte d’une montagne exceptionnelle, impressionnante et qui semblait au Moyen Age totalement inaccessible « Mons inaccessibilis, dans la langue de l’époque ».
Pour Gilles, montagnard-alpiniste de longue date, ce sommet manquait à sa liste de courses. Par contre, pour Samuel c’est sa première expérience, de l’escalade, du vide, des techniques d’assurance et de la descente en rappels !
Une journée qui restera un grand moment pour nous trois !
Le Mont-Aiguille depuis les Rochers du Parquet avec un tracé indicatif de Taureau_Magie !
L’ouverture d’une nouvelle voie au Mont-Aiguille est plutôt rare et provoque chez le grimpeur l’envie irrépressible d’aller voir !!! Dès que je l’ai su, j’en ai parlé à Alexandre et nous avons rapidement bloqué une date en croisant les doigts pour qu’il fasse beau. Seul bémol, des températures proches du zéro ont corsé l’affaire. Heureusement qu’il n’y avait pas de vent ! On a eu vraiment froid aux pieds et de belles onglées. Nous avons commencé à grimper à 8h30 dans un brouillard peu épais, puis nous sommes passés délicieusement au dessus de la mer de nuages vers 10h30 ! Magique !
La voie se déroule en face ouest. Il y a 2 parties bien distinctes : la première débute par de magnifiques fissures et remonte l’intégralité de la Tour du Taureau sur cinq longueurs. La deuxième au cheminement astucieux alterne éperons, dalles et murs raides également sur cinq longueurs et croise la sente horizontale de l’Arche qui marque la fin des difficultés obligatoires de la face ouest.
En effet depuis cette sente on rejoint facilement, les mains dans les poches, le pré sommital ou le couloir de descente et les rappels. Au dessus de la sente deux ultimes longueurs mènent au sommet. Du coup, avec nos doigts de pieds martyrisés par la froidure matinale et un train à prendre pour Alexandre, nous avons enchainé directement la descente en compagnie de mon ami Steve que nous avons retrouvé à l’Arche ! Le rocher est globalement excellent à part quelques courtes sections émiettées qui font tout le charme d’une escalade au Mont-Aiguille ! Difficulté : 12 Longueurs – TD Plusieurs longueurs en 6a/6b et une en 6b+ Passage obligatoire 6b
A noter le franchissement d’une faille impressionnante entre la Tour du Taureau et la paroi proprement dite du Mont-Aiguille facilité par une chasse d’eau !
Au final Taureau-Magie est une superbe voie à découvrir absolument. Je remercie chaleureusement les ouvreurs pour ce beau cadeau !!!
Et puis merci une fois de plus à toi, Alexandre, de sortir l’ancien et d’avoir mené la cordée tout du long !
Après les voies du Trident du Drac (2016) et de la Triple Directe (2018), le Trident pour les Nuls est la troisième de Jean-Michel Cambon « sur cette structure chancelante qu’est le Trident de Cognet (dixit JMC) ».
Malheureusement il n’a pu la terminer suite à son accident et c’est une équipe emmenée par Pascal Huss qui a poursuivi l’équipement.
Si le Trident du Drac suit intégralement le fil de l’arête, le Trident pour les Nuls démarre en versant ouest puis, à part 2 longueurs, se déroule en versant est. L’escalade est toujours aussi étonnante mais moins soutenue que celle du Trident du Drac. Le rocher, à part les 3 premières longueurs, est magnifique et toujours extrêmement adhérent et le sac à magnésie s’avère totalement inutile !
Avec Steve nous nous sommes régalés tout du long et vu notre grand âge, cette voie aurait pu s’appeler le « Trident pour les Vieux » !
Beaucoup d’émotion aussi à la cime de la troisième dent baptisée « Pointe Jean-Michel Cambon ».
Aujourd’hui petite sortie entre deux vieux copains au Mont-Aiguille qui, je vous le rappelle, fait partie des sept merveilles du Dauphiné :
La Fontaine Ardente
La Tour sans Venin
La Pierre Percée
Les Grottes de la Balme
Le Pont de Claix
La Grotte des Cuvesde Sassenage
LeMont-Aiguille !
Disons le tout net, le Mont-Aiguille est ma préférée !
Avec Steve on cumule 148 ans à nous deux et pour supporter le poids des ans un Mont-Aiguille ensemble une fois l’an est notre viatique ! En bonus on fait de belles rencontres à chaque fois comme Marion et Clément, une cordée familiale super sympa et efficace !
Merci à toi Steve et vive l’amitié Franco Britannique !
La traversée des Arêtes de La Bruyère a été ma toute première course d’escalade en montagne avec Jean-Pierre Frésafond en juin 1973. J’avais fait la connaissance de Jean-Pierre au Club Alpin de Lyon, au cours d’une saison bien remplie de ski de randonnée (on parlait de ski de printemps à l’époque !). Jean-Pierre a été entre-autre président du GHM, président du Club Alpin de Lyon et membre du comité de direction de la FFME. Mais il était surtout connu pour avoir mené à bien l’expédition lyonnaise au Gasherbrum II (8035m) en 1975 !
Je ne connaissais absolument rien à l’escalade et Jean-Pierre m’avait dit : on va aller faire une belle course d’escalade en montagne et c’est toi qui mèneras la cordée ! C’était la méthode “Frésafond” !!!
Depuis ces temps héroïques j’ai parcouru une bonne dizaine de fois cette belle arête avec mes enfants tout jeunes, des amis et plus récemment en 2018 et 2019 avec Steve puis avec Pierre-Henry et mon petit-fils Jules !
Aujourd’hui et c’est le privilège du grand âge, j’ai eu l’impression de faire cette course pour la première fois ! Je me suis en effet planté dans l’ascension de la dernière tour en traversant trop à droite ! Ce qui a permis à Aurélien et Dominique deux jeunes très sympa, qui nous suivaient depuis le début, de nous coiffer sur le poteau ! Mais qu’importe nous n’étions pas là pour faire la course…..
C’est une magnifique escalade aérienne tout du long avec pas mal de manip de cordes, de désescalade et de petits rappels. Le seul point noir est le “franchissement” de la première longueur, devenue au fil des ans horriblement patinée ! Heureusement 3 plaquettes très rapprochées ont été rajoutées ces dernières années et elles permettent de passer “relativement facilement” en A0, mais faut-il l’avoir déjà pratiqué. En tout cas un démarrage qui ne laisse pas indifférent !!!
Peu d’équipements en place avec quelques rares pitons et plaquettes dans les passages les plus expos. On ne suit pas une ligne de spits ou de pitons et il faut tout du long savoir trouver les bons passages. Techniquement l’escalade n’est jamais compliquée mais elle demande de se protéger avec quelques grandes sangles, coinceurs et friends.
Comme aurait dit le grand Gaston Rébuffat : “C’est une course où l’apprenti montagnard devient Alpiniste” !
Merci à Pascale d’avoir accompagné le septuagénaire que je suis et vive l’amitié franco-belge !